Out of Harm’s Way : Second World War scrapbooks shine a light on the experience of evacuee children brought to Quebec

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By Elis Ing, Liaison Librarian, Rare Books and Special Collections

During the Second World War, Marjorie Kathleen Tovey, headmistress of a small independent school in Hertfordshire, England, decided to evacuate her students to Canada, just as many other children were being moved from urban and suburban to rural areas within Britain, in the hope of keeping them safe from German bombs.

Tovey quickly set about rallying her social network, reaching out to people such as Molly Massy-Beresford, the wife of a well-off British brigadier already living in Quebec, who became instrumental in Tovey’s plans. Before long, logistics were worked out and passage was secured. Tovey, accompanied by three other guardians, set sail with a group of sixteen children between the ages of 5 and 16.

Instructions for the children while on-board the Canadian Pacific steamship. Photo: Elis Ing

The trip, and the two-year stay that followed, are vividly documented in two leather-bound scrapbooks compiled by Tovey and acquired by the McGill Library in 2018. The scrapbooks begin with correspondence and clippings relating to the planning stages of the trip, followed by details of the group’s Atlantic crossing. Instructions for the children while on-board the Canadian Pacific steamship are decidedly to-the-point, including those to be followed in the event of a torpedo attack: “If you have very bad luck and don’t get in [a lifeboat]… swim around to a nice looking piece of wood sufficiently far so as to not get taken down by the suction when the ship goes down.”

Following their journey, the group arrives and quickly starts exploring its new residence, a lodge in Saint-Sauveur, offered to the cause by the Penguin Ski Club. The children’s first impressions of Canada are captured in a series of pasted-in worksheets, each child answering questions including “what is the chief thing that strikes you in Canada?” and “have you made friends among Canadian children?” Sixteen-year-old Auriol writes, “I hate the Canadian manner of ballroom dancing. It is too Americanized and it spoils one of the most graceful popular pastimes.”

Photo: Elis Ing

A multitude of colourful handmade cards addressed to Tovey speak to the children’s attachment to her, while photos of the children in Halloween costumes show the fun environment that Tovey was able to create in this home-away-from-home. Despite the light-heartedness of some scenes, it also seems clear that the children, unconsciously or otherwise, absorbed a certain amount of wartime rhetoric. One page contains several letters to Santa Claus, who is variously referred to as “Col. F. Xmas”, “Sergeant Santa”, and “Major Santa Claus”.

Placed in a broader context, the scrapbooks, particularly the many clippings documenting the Canadian public’s overwhelming support for British “war guests”, provide a stark contrast to the government’s refusal of Jewish refugees, including many children, during the same period. Between 1933 and 1947, only 5,000 Jewish refugees gained entry to Canada (the worst record of any Western country), more than half of whom were kept at POW camps, some alongside Nazi soldiers.

In 1942, the children returned to England. Although the scrapbooks end before this point, a recent piece of research into the wartime evacuation of British children undertaken by historian Claire L. Halstead provides clues as to what may have happened following war’s end. Amongst her findings was that although many children would retain fond memories of Canada, some visiting later on in life, many would also suffer from lasting psychological scars caused by family separation and the difficulty of re-adjusting to life in England. The psychoanalyst Anna Freud also noted the trauma suffered by some, writing that, “London children … were on the whole much less upset by bombing than by evacuation to the country as a protection against it.”

Photo: Elis Ing

Candid voices of children are a rare thing in archival collections, making these scrapbooks and the writings of young Jeremy, aged 5, and his classmates an incredibly precious insight into the lived experience of children. Likewise, a time will come when there are no living survivors of the Second World War, making firsthand accounts of the War all the more important to our understanding of the past and an important tool in resisting misinformation.

These scrapbooks are available for on-site consultation in the Rare Books and Special Collections Reading Room.



Mis à l’abri : Des albums datant de la Deuxième Guerre mondiale illustrent l’expérience d’enfants évacués de l’Angleterre vers le Québec

Par Elis Ing, bibliothécaire de liaison, Livres rares et collections spécialisées

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Marjorie Kathleen Tovey, directrice d’une petite école indépendante de l’Hertfordshire en Angleterre, décida d’envoyer ses élèves au Canada, alors que beaucoup d’autres enfants étaient amenés des quartiers urbains et des banlieues vers les régions rurales de la Grande-Bretagne, dans l’espoir de les mettre à l’abri des bombes allemandes.

Tovey a vite mobilisé son réseau social, en faisant appel à des gens comme l’épouse d’un brigadier britannique nanti qui vivait déjà au Québec, Molly Massy-Beresford, qui devait jouer un rôle instrumental dans les plans de Tovey. Des arrangements furent pris sans tarder pour assurer le transport des enfants évacués. Tovey et trois autres accompagnateurs prirent la mer avec un groupe de 16 enfants ayant entre 5 et 16 ans.

Les consignes données aux enfants à bord du bateau à vapeur. Photo Elis Ing

La traversée et le séjour de deux ans qui suivit sont documentés de façon saisissante dans deux albums reliés en cuir colligés par Tovey et acquis en 2018 par la bibliothèque de McGill. Ces albums s’ouvrent sur la correspondance et les découpures liées à la planification du voyage, puis sur les détails de la traversée de l’Atlantique. Les consignes données aux enfants à bord du bateau à vapeur du Canadien Pacifique sont résolument pertinentes, y compris celles qu’il faut suivre en cas d’attaque à la torpille : « Si vous êtes très malchanceux et ne parvenez pas à embarquer [dans un canot de sauvetage]…, nagez en direction d’un gros bout de bois suffisamment éloigné pour ne pas être aspiré au fond de l’eau quand le navire coulera. »

À son arrivée au Canada, le groupe n’a pas tardé à explorer son nouveau domicile, un gîte situé à Saint-Sauveur prêté par le club de ski Penguin. Une série de feuilles collées dans l’album rend compte de la première impression que les jeunes arrivants ont eue de leur terre d’accueil; chaque enfant y répond à des questions comme « qu’est-ce qui te frappe le plus depuis que tu es au Canada? » et « t’es-tu fait des petits amis canadiens? ». On peut lire le commentaire d’Auriol (16 ans) :« Je déteste le style de danse de salon du Canada. Il est trop américanisé et il gâche un des passe-temps populaires les plus élégants. »

Photo Elis Ing

Une multitude de cartes coloriées à la main témoignent de l’affection que les enfants portaient à Tovey, tandis que des photographies des enfants costumés pour l’Halloween laissent deviner l’environnement amusant que Tovey a su créer dans ce second chez-soi. Malgré la légèreté apparente de certaines scènes, il semble évident que les enfants ont absorbé une partie du vocabulaire de la guerre, inconsciemment ou autrement. En effet, dans plusieurs lettres, les enfants s’adressent au père Noël en l’appelant « Col. F. Xmas », « Sergeant Santa » et « Major Santa Claus » (colonel, sergent ou major Père Noël – trad. libre)

Placés dans un contexte plus général, les albums, en particulier les nombreuses découpures documentant le soutien massif de la population canadienne à l’endroit de leurs « invités de guerre » britanniques, offrent un contraste saisissant avec le refus du gouvernement canadien d’accueillir des réfugiés juifs, dont de nombreux enfants, au cours de la même période. Entre 1933 et 1947, seulement 5000 réfugiés juifs sont entrés au Canada (bon dernier parmi les pays occidentaux sur ce plan), dont plus de la moitié ont été internés dans des camps de prisonniers de guerre, parfois même aux côtés de soldats nazis.

Les enfants sont retournés en Angleterre en 1942. Bien que les ajouts aux albums aient cessé avant cette date, l’historienne Claire L. Halstead fournit dans sa thèse de doctorat des indices sur le sort possible des enfants britanniques évacués pendant la guerre une fois la paix revenue. Elle constate notamment que, si bien des enfants ont gardé de bons souvenirs du Canada et que certains y sont même revenus en touristes plus tard, beaucoup d’entre eux ont longtemps souffert de séquelles psychologiques dues à leur séparation de leur famille et aux difficultés qu’ils ont eues à se réadapter à la vie en Angleterre. La psychanalyste Anna Freud fait également remarquer le traumatisme dont certains étaient frappés : « Les enfants londoniens (…) étaient dans l’ensemble beaucoup moins troublés par les bombardements que par le fait de quitter leur pays pour se mettre à l’abri des bombes ».

Photo Elis Ing

Rares sont les collections d’archives qui résonnent de voix candides d’enfants; ces albums et les écrits du jeune Jeremy (5 ans) et de ses camarades de classe offrent un aperçu infiniment précieux de l’expérience vécue par les enfants. De même, quand les derniers survivants de la Seconde Guerre mondiale auront disparu, les témoignages directs de ce conflit seront encore plus importants pour nous aider à comprendre le passé et à lutter contre la désinformation.

Ces albums peuvent être consultés sur place dans la salle de lecture de la section des Livres rares et des collections spécialisées.

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