Par Rita Kazan, Stagiaire à la maîtrise, Gestion des collections, Collection d’arts visuels
Il y a 180 ans, la Collection d’arts visuels de McGill est née avec un premier tableau, et depuis, le désir de l’élargir à de nouvelles œuvres a pris le dessus. Aujourd’hui, la Collection s’élève à presque 3000 œuvres rendant hommage à environ 500 artistes. Sa particularité est le nomadisme. Destiné à un peuple, ce mode de vie est fondé sur le déplacement en quête alimentaire ou économique; la mission de la Collection d’arts visuels de McGill, elle, poursuit une quête culturelle.
En effet, la Collection est en mouvement continuel parmi près de 100 bâtiments sur les campus universitaires, autant au centre-ville qu’au campus Macdonald. Elle embellit les espaces publics et privés, à l’intérieur comme à l’extérieur, constituant ainsi une exposition itinérante au-delà des bâtiments. En plus d’être un laboratoire pour les étudiants, la Collection a pour objectif de partager la création artistique avec le public et de le projeter vers l’art en prêtant aux unités et départements une variété d’objets, par le biais d’une médiation pédagogique.
La Collection d’arts visuels répond en moyenne à un prêt ou déplacement d’œuvres d’art par semaine. Cette mobilité croissante des œuvres de la Collection nécessite une gestion laborieuse et dynamique de la part de son équipe. C’est pour ces raisons que l’équipe de la Collection effectue l’inventaire des œuvres dans les bâtiments du campus sur une base régulière. Vous aurez peut-être déjà aperçu la « troupe des arts » dans l’un de ces bâtiments, sacs noirs à l’épaule, examinant et photographiant une œuvre. Cette troupe mène une enquête générale sur l’emplacement, l’environnement des lieux et l’état de chaque œuvre –une sorte de bilan de santé qui évalue les risques et dangers qui pourraient potentiellement affecter la sécurité et la durée de vie des œuvres exposées. Ces enquêtes sont une mesure nécessaire de surveillance et de contrôle pour une collection constamment en déplacement. Ils font partie du programme de conservation préventive qui est un élément majeur dans la gestion des collections. Il arrive parfois que l’équipe doive enlever une œuvre de son emplacement afin de le faire ré-encadrer ou de le faire nettoyer par un conservateur.
C’est aussi une opération émouvante pour l’enquêteur avec un accent artistique autre que scientifique. Il effectue principalement une tâche purement technique. Mais l’effet enivrant de l’art se joue librement sur la personne en ne la laissant pas indifférente. Tel est le cas de l’enquêteur, en traçant les mêmes œuvres d’art dans plusieurs espaces au fil du temps, également motivé par son développement intellectuel et émotionnel. C’est le fait de découvrir chaque fois un nouveau sens et en interprétant différemment au-delà de la définition d’une surface.
Enfin, les recherches sur la Collection dans les espaces publics et privés de McGill sont confrontées à des moments de reconnaissances. C’est la collecte du témoignage des occupants sur leurs relations par rapports à l’œuvre dans leur espace de travail traduit par un engagement qui donne lieu à une unité et à une relation qui se construit et se reflète dans leurs opinions et leurs désirs. Un effet similaire à ce qu’il se passe lorsque nous regardons les personnes que nous aimons. C’est une forme de thérapie scientifiquement approuvée qui a des effets bénéfiques sur notre vie quotidienne et nos communautés.
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